Quand on parle de compostage, les vers de terre sont de véritables alliés souvent sous-estimés ! Ces petites créatures discrètes transforment nos déchets organiques en or noir pour le jardin, mais encore faut-il savoir comment les accueillir et les chouchouter. Que vous soyez débutant curieux ou jardinier confirmé, je vais vous partager tout ce que j’ai appris sur la relation fascinante entre vers de terre et compost. Après plusieurs années d’expérimentation dans mon propre jardin (et quelques échecs dont on va rire ensemble), je vous propose un guide complet pour comprendre et optimiser le travail de ces précieux auxiliaires.
Le rôle des vers de terre dans votre compost

Les vers de terre sont de véritables ingénieurs écologiques qui jouent un rôle crucial dans votre compost. Loin d’être de simples visiteurs, ils sont au cœur du processus de décomposition et apportent de nombreux bénéfices.
Un travail de décomposition accéléré
Ces petits ouvriers infatigables consomment la matière organique et peuvent traiter quotidiennement l’équivalent de leur propre poids en déchets. En se nourrissant, ils fragmentent les matières végétales, augmentant ainsi la surface disponible pour les micro-organismes décomposeurs. Résultat ? Une décomposition qui peut être jusqu’à 5 fois plus rapide qu’un compost traditionnel sans vers.
L’aération naturelle du compost
En se déplaçant dans le compost, les vers de terre créent un réseau de galeries qui permet une meilleure circulation de l’air et de l’eau. Cette aération naturelle évite la compaction et les zones anaérobies (sans oxygène) qui produisent des odeurs désagréables. Quand j’ai commencé mon premier compost, j’avais tendance à trop tasser les matières – grosse erreur ! Depuis que je laisse les vers faire leur travail d’aération, mon compost ne sent plus mauvais.
La production d’un humus de qualité
Le passage des déchets organiques dans le système digestif des vers enrichit considérablement la matière. Leurs déjections, appelées turricules, constituent un engrais d’exception :
- Plus riche en nutriments que le terreau d’origine
- Doté d’une meilleure structure pour retenir l’eau
- Chargé en micro-organismes bénéfiques
- Plus stable et plus facilement assimilable par les plantes
Un indicateur de santé de votre compost
La présence de vers de terre dans votre compost est un excellent bio-indicateur. Si votre tas de compost fourmille de ces animaux, c’est signe que les conditions sont favorables à la vie microbienne. À l’inverse, leur absence peut signaler un problème : acidité excessive, compost trop sec ou trop humide, ou encore présence de substances toxiques. Surveillez leur comportement : des vers qui tentent de s’échapper indiquent généralement un déséquilibre à corriger.
Quels types de vers de terre pour le compostage ?

Tous les vers de terre ne sont pas égaux face au compost ! Il existe plusieurs espèces, chacune avec ses particularités et son mode de vie. Pour un compostage efficace, mieux vaut connaître leurs spécificités.
Les vers de compost par excellence : les épigés
Les vers épigés (qui vivent en surface) sont les champions du compostage. Parmi eux :
- Eisenia foetida (vers du fumier ou lombric rouge tigré) : reconnaissable à ses rayures jaunes ou rougeâtres, c’est l’espèce star du lombricompostage. Petit (5-10 cm), vorace et prolifique, il s’adapte parfaitement aux conditions d’un composteur.
- Eisenia andrei (vers rouge du fumier) : très similaire au précédent mais de couleur rouge uniforme, il est également très efficace pour transformer les déchets de cuisine.
- Dendrobaena veneta (vers du compost) : plus gros (15 cm) et dotés d’un appétit impressionnant, ces vers sont parfaits pour les gros volumes de déchets.
Les anéciques : les terrassiers du sol
Ces vers de grande taille creusent des galeries verticales profondes :
- Lumbricus terrestris (ver de terre commun) : pouvant atteindre 30 cm, ce ver crée des galeries verticales profondes. Il participe au compostage en tirant des matières en décomposition vers le sol, mais n’est pas adapté au lombricomposteur car il a besoin d’un accès au sol.
Les endogés : les habitants du sol
Ces vers vivent entièrement dans le sol et se nourrissent principalement d’humus :
- Allolobophora chlorotica (ver rose) : ce ver pâle vit sous la surface et contribue à la structure du sol, mais n’est pas particulièrement utile pour le compostage actif.
| Type de ver | Habitat | Utilité pour le compost | Adaptation au lombricomposteur |
|---|---|---|---|
| Épigés (Eisenia) | Surface, matières en décomposition | Excellente | Parfaite |
| Anéciques (Lumbricus) | Galeries verticales sol-surface | Bonne | Faible (besoin d’accès au sol) |
| Endogés | Couches superficielles du sol | Limitée | Très faible |
Lombricompostage vs compostage classique
La principale différence entre ces deux approches réside dans le contrôle du processus :
- Compostage classique : les vers colonisent naturellement le tas de compost si les conditions sont favorables. On trouve généralement un mélange d’espèces locales.
- Lombricompostage : système fermé où l’on introduit volontairement des vers spécifiques (principalement des épigés) pour traiter rapidement les déchets de cuisine. Idéal pour les appartements ou petits espaces.
Pour mon lombricomposteur d’intérieur, j’utilise exclusivement des Eisenia, qui transforment mes épluchures en quelques semaines seulement. Dans mon compost de jardin, je laisse faire la nature et j’observe une plus grande diversité d’espèces.
Comment installer un système de lombricompostage
Monter son propre lombricomposteur n’est pas sorcier ! Je me souviens encore de mon premier modèle bricolé avec des bacs de rangement… Aujourd’hui, je vous propose un guide plus structuré pour éviter mes erreurs de débutante.
Choisir le bon contenant
Vous avez deux options principales :
- Lombricomposteur du commerce : généralement composé de plateaux empilables avec un bac récupérateur de liquide. Pratique et esthétique, c’est une solution clé en main (comptez entre 50 et 150€).
- Lombricomposteur DIY : à partir de bacs en plastique opaque superposés. Percez des trous d’aération sur le couvercle et entre les bacs pour la circulation des vers. Prévoyez un robinet en bas pour récupérer le thé de compost.
Dans tous les cas, choisissez un contenant opaque (les vers fuient la lumière) avec une surface minimum de 30×40 cm pour une famille de 2-3 personnes.
Préparation de la litière initiale
Avant d’accueillir vos vers, préparez-leur un nid douillet :
- Déchiquetez du carton ou du papier journal non glacé en fines lanières
- Humidifiez cette matière (comme une éponge essorée, humide mais pas détrempée)
- Ajoutez une poignée de compost mature ou de terreau pour apporter des micro-organismes
- Mélangez le tout pour obtenir une litière aérée d’environ 10 cm d’épaisseur
Introduction des vers dans le compost
Pour démarrer, vous aurez besoin d’environ 500g de vers pour un bac standard (soit environ 1000 individus) :
- Achetez vos vers auprès d’un vendeur spécialisé ou demandez à quelqu’un qui possède déjà un lombricomposteur
- Placez-les délicatement sur la litière préparée
- Laissez le couvercle ouvert et la lumière allumée pendant quelques heures pour encourager les vers à s’enfouir
- Ajoutez une petite quantité de déchets alimentaires pour leur premier repas
N’ajoutez pas trop de nourriture au début ! Mes vers ont failli mourir de « suralimentation » lors de mon premier essai, par excès d’enthousiasme.
Conditions optimales pour vos vers de terre
Pour que vos vers prospèrent dans leur nouveau foyer, veillez à :
- Température : maintenir entre 15 et 25°C (évitez le plein soleil et le gel)
- Humidité : comme une éponge essorée (70-80% d’humidité). Si c’est trop sec, vaporisez de l’eau sans détremper
- Aération : assurez une bonne circulation d’air sans courants d’air directs
- pH : neutre à légèrement acide (6-7). Si le compost devient trop acide (odeur aigre), ajoutez de la poudre de coquilles d’œufs broyées
Placez votre lombricomposteur dans un endroit accessible, à l’abri des températures extrêmes – la cuisine, le garage ou une terrasse abritée conviennent parfaitement. Dans mon appartement, il a trouvé sa place sous l’évier !
Nourrir les vers de terre de votre compost
L’alimentation est un point crucial pour la santé de vos vers et l’efficacité de votre compost. Après quelques expériences malheureuses (dont une invasion de moucherons mémorable), j’ai mis au point une méthode qui fonctionne parfaitement.
Les déchets que les vers adorent
Voici le menu préféré de nos amis les vers :
- Fruits et légumes : épluchures, fruits trop mûrs, légumes cuits (sans sauce)
- Marc de café et filtres : une source riche en nutriments qu’ils adorent
- Sachets de thé : (sans agrafes métalliques)
- Pain rassis : en petite quantité et trempé pour éviter qu’il ne moisisse
- Coquilles d’œufs écrasées : apportent du calcium et équilibrent le pH
- Papier et carton non imprimés : mouchoirs, essuie-tout, boîtes d’œufs déchiquetées
Les aliments à éviter absolument
Certains déchets peuvent nuire à vos vers ou créer des problèmes dans votre composteur :
- Produits laitiers, viandes, poissons : attirent les nuisibles et dégagent de mauvaises odeurs
- Agrumes et aliments acides : en grande quantité, peuvent acidifier le milieu
- Ail, oignon : contiennent des composés antibactériens qui peuvent perturber l’écosystème
- Matières grasses : huiles, sauces, beurre (ralentissent la décomposition)
- Excréments d’animaux : risques pathogènes
- Plantes malades ou traitées : peuvent contenir des substances toxiques
Bonnes pratiques d’alimentation
Pour un lombricompostage harmonieux, adoptez ces habitudes :
- Coupez en petits morceaux : plus c’est petit, plus c’est rapidement consommé
- Alternez matières vertes et brunes : équilibrez les déchets de cuisine (azote) avec du carton/papier (carbone) à chaque apport
- Enfouissez les nouveaux déchets : creusez légèrement et recouvrez pour éviter les moucherons
- Nourrissez par zones : utilisez une nouvelle zone à chaque apport pour permettre aux vers de terminer le travail en cours
- Respectez les quantités : environ 250g de déchets par semaine pour 1000 vers (soit environ 500g de vers)
Solutions aux problèmes courants
| Problème | Cause probable | Solution |
|---|---|---|
| Mauvaises odeurs | Excès d’humidité, manque d’oxygène | Ajouter du carton déchiqueté, aérer en remuant délicatement |
| Moucherons | Déchets exposés en surface | Enfouir les déchets, ajouter une couche de carton, installer un piège à vinaigre à proximité |
| Vers qui tentent de s’échapper | Conditions défavorables (trop humide/sec/acide) | Vérifier humidité et pH, ajouter de la coquille d’œuf broyée |
| Décomposition lente | Température trop basse, morceaux trop gros | Placer dans un endroit plus chaud, hacher davantage les déchets |
J’inspecte mon lombricomposteur une fois par semaine, ce qui me permet de repérer rapidement tout problème et d’y remédier avant qu’il ne s’aggrave. Petit truc personnel : j’enregistre dans mon téléphone ce que j’ai donné à mes vers chaque semaine pour éviter la suralimentation.
Récolter et utiliser le lombricompost
Après quelques mois de patience, vient le moment tant attendu de la récolte ! Votre persévérance va être récompensée par un amendement d’une qualité exceptionnelle pour toutes vos plantes.
Quand et comment récolter votre or noir
Le compost produit par les vers est généralement prêt à être récolté après 3 à 6 mois, selon la température et la quantité de vers. Vous saurez qu’il est temps quand :
- La matière ressemble à du marc de café ou à de la terre fine et sombre
- Il ne reste plus de déchets identifiables (sauf peut-être quelques morceaux de coquilles d’œufs)
- Le volume a considérablement diminué
- L’odeur est agréable, évoquant la forêt humide
Pour la récolte, plusieurs méthodes s’offrent à vous :
- Méthode des plateaux (lombricomposteur du commerce) : quand le plateau inférieur est plein, placez-le au-dessus et commencez à remplir un nouveau plateau. Les vers migreront naturellement vers la nouvelle source de nourriture.
- Méthode de la pyramide : disposez le contenu du lombricomposteur en petits tas coniques sur une bâche. Exposez-les à la lumière et les vers s’enfonceront au centre. Prélevez l’extérieur des tas, attendez que les vers migrent plus profondément, et recommencez.
- Méthode du tamis : pour un compost plus fin, tamisez la matière récoltée (les vers resteront sur le tamis).
Le thé de compost : un supernutriment liquide
Le lombricomposteur produit également un liquide brun foncé appelé « thé de compost » ou « lombrithé ». C’est un engrais liquide concentré, riche en micro-organismes bénéfiques et en nutriments solubles. Pour l’utiliser :
- Récoltez-le régulièrement via le robinet de votre lombricomposteur
- Diluez-le (1 volume de thé pour 10 volumes d’eau) avant utilisation
- Utilisez-le comme engrais liquide pour arroser vos plantes
- Pulvérisez-le (dilué) sur le feuillage pour renforcer les défenses naturelles des plantes
Ce précieux liquide ne se conserve pas longtemps – utilisez-le dans les 24-48h ou conservez-le au réfrigérateur pour quelques jours supplémentaires.
Applications optimales de votre lombricompost
Le compost de vers est un produit polyvalent qui peut être utilisé de différentes façons :
- Pour les semis : mélangez 1 part de lombricompost avec 3 parts de terreau pour un substrat nutritif
- Pour les plantes d’intérieur : ajoutez une fine couche en surface tous les 2-3 mois
- Au potager : incorporez 1-2 cm au sol avant plantation ou en paillage autour des plantes
- Pour les arbres fruitiers : épandez en cercle sous la canopée, à raison de 2-5 litres par arbre
- Pour les massifs de fleurs : incorporez 1-2 poignées par m² au printemps
Bénéfices pour vos plantes et votre sol
L’utilisation régulière du lombricompost transforme littéralement la santé de votre jardin :
- Structure du sol améliorée : meilleure rétention d’eau et aération
- Protection naturelle contre les maladies : les micro-organismes bénéfiques créent une barrière contre les pathogènes
- Croissance plus vigoureuse : grâce aux hormones de croissance naturellement présentes
- Meilleure résistance au stress : plants plus robustes face aux variations climatiques
- Rendements améliorés : légumes plus savoureux et plus nutritifs
Les résultats sont particulièrement spectaculaires sur les tomates et les plantes à fleurs, comme j’ai pu le constater dans mon propre jardin. Depuis que j’utilise mon lombricompost, mes rosiers ont doublé leur floraison et mes tomates n’ont plus connu de carence en calcium.
Je conserve mon lombricompost dans des seaux hermétiques à l’abri de la lumière pour préserver tous ses bienfaits jusqu’à son utilisation. Un petit trésor qui récompense largement le temps investi dans son élaboration !
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